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Contrôle fiscal

Démêlez les noeuds de la fiscalité
mardi, 23 juin 2015 10:19

Les amendes pour non-déclaration d'un compte étranger sont en partie inconstitutionnelles

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Une personne qui omet de déclarer un compte bancaire étranger risque une amende.

Cette amende s'élève au moins à 1 500 € si le pays étranger est collaboratif et 10 000 € si le pays étranger n'est pas collaboratif. L'amende s'élève même à 5 % si le total des montants figurant sur les comptes non déclarés est supérieur à 50 000 €.

Or une telle amende fixe peut être très inéquitable dans certains dossiers.

Il arrive que des personnes aient conservé une grande quantité de comptes étrangers avec des montants insignifiants. Or l'application de la loi aboutit à la mise en œuvre d'amendes délirantes.

Par exemple, une personne qui a eu dix comptes bancaires dans un pays non coopératif risque une amende de 100 K€ au total, même si le total des montants figurant sur ces comptes est de 100 €.

Certains ont pu faire valoir qu'une telle façon de calculer une sanction quasi pénale était contraire au principe constitutionnel d'individualisation et de proportionnalité des peines garanti par l'article 8 de la Déclaration des Droits de l'Homme.

Cette position a été considérée comme présentant un caractère sérieux par le Conseil d'Etat dans sa décision n° 389143 du 17 juin 2015. Le Conseil d'Etat a donc décidé de saisir le Conseil Constitutionnel dans le cadre d'une QPC. Il reviendra au Conseil Constitutionnel de se prononcer sur ce point.

 

Décision du Conseil d'Etat

Selon moi, il est très probable que, effectivement, le mode de calcul d'amende soit considéré comme contraire à la Constitution et donc illicite.

Cela étant, pour tous les contribuables qui ont spontanément régularisé leur situation auprès des services fiscaux, le grief ne tient pas puisque la cellule de régularisation admet de réduire l'amende légale et notamment elle limite l'amende à un pourcentage des montants non déclarés, soit 1,5 % pour les comptes passifs et 3 % pour les comptes actifs.

 

Dernière minute (22 septembre 2015)

Et bien non, le Conseil Constitutionnel a considéré que l'amende n'était pas inconstitutionnelle.

Décision du Conseil Constitutionnel

 

Nouvelle dernière minute (25 juillet 2016)

Le Conseil Constitutionnel a changé d'avis pour déclarer finalement l'amende inconstitutionnelle, du moins dans sa version proportionnelle de 5 %

Voir la Nouvelle décision

Cette deuxième décision porte uniquement sur l'amende forfaitaire de 5 % et non sur l'amende fixe.

Elle se fonde sur le fait que l'amende s'applique même quand le contribuable n'a pas commis d'irrégularté fiscale. Le juge constitutionnel a considéré qu'une telle amende de 5 % pouvait être considérée comme excessive puisqu'elle s'applique même si le contribuable n'a commis aucune omission déclarative d'un impôt précis. La seule infraction que sanctionne l'amende c'est l'absence de déclaration d'un compte étranger.

Cette décision pourrait constituer une jurisprudence importante et elle pourrait remettre en cause d'autres amendes du même type comme celle visant les trusts non déclarés ou celle visant les assurance-vie.

Cette décision devrait en bonne logique modifier le traitement des dossiers de régularisation des comptes étrangers : l'amende ne peut plus s'appliquer, même dans une version réduite. Seule l'amende fixe serait applicable.

En pratique, pour toutes les personnes qui ont déjà signé une transaction avec les services fiscaux, elle aura peu d'intérêt. En effet, le contribuable ne peut contester la transaction qu'il a signée.

Certains contribuables qui n'ont pas commis d'omission d'impôt significative pourraient être encouragés à ne pas engager de procédure de régularisation. Cela concerne surout les personnes non assujetties à l'ISF, qui n'ont pas reçu récemment ce compte d'un parent et qui n'ont pas utilisé ce compte pour cacher des revenus imposables significatifs.

Cette question mérite un examen approfondi. Il sera intéressant d'avoir les commentaires des services fiscaux sur cette décision. Il est vraisemblable que les règles énoncées par la circulaire CAZENEUVE soient revues.

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