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lundi, 29 juillet 2019 07:01

Travailleurs indépendants de tout le pays, unissez-vous

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M. Jean-Paul DELEVOYE, 18 mois après le début de sa mission, a (enfin) proposé des recommandations pour la prochaine réforme de retraite.

Cette réforme vise à unifier tous les régimes de retraite dans un seul régime universel par point.

Cette réforme aboutira notamment à supprimer les différents régimes des travailleurs indépendants pour les unifier avec le régime des salariés.

Il est vrai que notre système de retraite par répartition peut aboutir à une forme d'injustice avec des régimes séparés. En effet, quand une population professionnelle est en croissance, son régime de retraite n'a pas de mal à être en équilibre alors que, inversement, un régime de retraite affecté à une population professionnelle en décroissance se retrouve en cessation de paiement. Cela dit, ce problème d'inégalité démographique peut trouver une solution dans une forme de contribution des régimes en croissance démographique au profit des régimes en décroissance. Evidemment ce type de contribution existe déjà et la fusion n'est donc pas un impératif.

Personnellement je trouve que c'est plutôt une bonne idée d'unifier les régimes et de réduire les coûts de gestion.

Mais ce qui me pose problème c'est le pas supplémentaire vers la suppression du régime social des indépendants. Il serait sans doute judicieux de créer un régime de retraite unique pour tous les travailleurs indépendants, mais sans les mélanger avec les salariés.

L'élite politicienne à la tête de nos institutions a déjà engagé diverses réformes en vue de la suppression du régime social des indépendants. L'idée est d'aligner progressivement le régime social des travailleurs indépendants sur celui des salariés, au prétexte de la solidarité et de l'obtention de nouveaux droits.

C'est une très mauvaise idée pour deux raisons.

D'abord, les travailleurs indépendants sont très différents des salariés. Ils ont donc besoin d'un régime social très différent.

Ensuite le régime social des salariés fait l'objet d'une gestion démagogique et catastrophique. Il ne fait pas envie.

 

Les travailleurs indépendants sont différents des salariés et leur régime social doit être différent

Le travailleur indépendant est un travailleur qui est indépendant.

Cela veut dire qu'il n'a pas d'employeur. En fait il est l'employeur de lui-même.

Il décide de lui-même quand il travaille et quand il s'arrête. Il dispose d'une certaine liberté, même si en pratique il a souvent l'impression d'être l'esclave de ses clients.

Ce drôle d'individu n'est jamais au chômage car il y a toujours du travail. Sinon d'ailleurs il cesserait d'être un travailleur indépendant. Il n'a donc pas besoin d'un régime d'assurance chômage.

Le travailleur indépendant est rarement malade car, s'il ne travaille pas, il n'est pas payé et ses clients râlent. Donc le travailleur indépendant travaille même s'il est malade. Il n'a donc pas besoin d'un régime d'assurance maladie pour les petites grippes, les petits rhumes et les coups de déprim du lundi.

Le travailleur indépendant ne souhaite pas nécessairement prendre sa retraite au plus vite pour s'inscrire aux visites du Futuroscope et du Puy du Fou. En effet, très souvent, le travailleur indépendant aime son travail et y trouve un vrai plaisir. Il préfère continuer à travailler le plus longtemps possible, quitte à lever le pied progressivement.

Le travailleur indépendant est indépendant. Donc il a une tendance forte à être individualiste. Il n'a pas besoin des autres pour gagner sa vie. Il est habitué à se prendre en charge et à ne compter que sur lui-même.

Le travailleur indépendant supporte difficilement de payer des cotisations sociales car les cotisations sociales c'est lui qui les paient. Ce n'est pas le patron qui paie pour lui puisque c'est lui le patron.

Les politiciens n'aiment pas trop le travailleur indépendant car il n'est pas assez dépendant des politiciens.

Et beaucoup de politiciens ont dû mal à comprendre le concept de travailleur indépendant car la plupart d'entre eux sont des fonctionnaires, c’est-à-dire des salariés en totale dépendance.

Donc les politiciens font comme si les solutions qu'ils ont mises en place pour les salariés pouvaient s'appliquer aux travailleurs indépendants.

 

Le régime social des salariés est une ineptie

Depuis le temps que les politiciens et les syndicalistes gèrent le régime social français des salariés, il est possible de porter un jugement général sur leur œuvre.

Selon moi, le résultat est désastreux.

Il mélange l'assurance et la solidarité en expliquant que l'un ne va pas sans l'autre. En pratique, le mélange est déplorable car le système crée une mauvaise assurance et une fausse solidarité.

D'abord l'assurance sociale est la pire des assurances.

Le régime d'assurance est déjà un procédé douteux et pervers où des honnêtes gens un peu naïfs paient des primes pour se protéger de risques en grande partie imaginaires et financent en réalité les indemnités des fraudeurs.

Mais les assurés cumulent le plus souvent la naïveté et la fraude.

La plupart des assurés croient en effet qu'ils y gagnent car ils s'imaginent qu'ils sont les seuls à frauder et qu'ils font financer leur fraude par les primes des autres.

Malheureusement, l'assurance-maladie reprend ce travers.

La fraude aux faux arrêts maladie est devenue une industrie. Les salariés considèrent qu'ils sont en droit d'être malades de temps en temps pour rallonger les vacances ou quand ils sont dépressifs parce que leur employeur est trop méchant, ce qui est assez fréquent. L'assurance maladie rembourse presque tous les soins, même à ceux qui n'ont absolument pas besoin d'être assurés pour les petits risques. Les mutuelles ont même réussi à amplifier le phénomène en remboursant certains frais non pris en charge par la sécu, comme les frais d'optique. Et si vous voulez changer de lunettes au frais de la mutuelle, c'est très simple, il faut les casser.

L'assurance chômage reprend le même concept. Les salariés qui ont besoin de réparer leur maison se mettent au chômage en estimant qu'après des années de cotisations, ils sont en droit d'en profiter. Les intermittents du spectacle réclament le financement de leur régime marqué par la fraude organisée, et tout cela au nom de la solidarité interprofessionnelle. Et il faudrait maintenant que les travailleurs indépendants financent ce délire !

Mais la cerise sur le gâteau véreux de l'assurance sociale c'est le concept de solidarité.

C'est une mauvaise solidarité car elle n’est pas financée par l'impôt, mais par les cotisations sociales, c’est-à-dire par les travailleurs.

C'est une mauvaise solidarité car elle est décidée sans démocratie ni débat.

C'est une mauvaise solidarité car beaucoup de ceux qui en bénéficient n'en n'ont en fait pas besoin.

C'est la solidarité du bon sens idiot. Il faut encourager les femmes, les femmes qui ont des enfants, les femmes seules qui ont des enfants.

Et le mâle célibataire, il est très solidaire, mais il a fortement l'impression que ses cotisations retraite financent beaucoup de choses très utiles, mais sans aucun lien avec sa retraite, alors qu'il paie déjà beaucoup d'impôt.

Il est faux de dire que les célibataires sans enfants doivent payer pour les parents avec enfants car les enfants paieront leur future retraite. Non, ce qui doit payer la retraite des salariés c'est leurs cotisations.

Comme on refuse de prendre en compte une logique d'assurance et d'épargne, le régime de retraite français est en fait grossièrement injuste, au prétexte de la solidarité. C'est ainsi que les ouvrier qui ont une espérance de vie très inférieure aux cadres cotisent comme s'ils avaient la même espérance de vie que les cadres. En pratique, ils cotisent pour la retraite des cadres.

Le régime de retraite devrait être un régime d'épargne forcée où les droits de chacun sont calculés en fonction des cotisations payées et en fonction de l'espérance de vie. Tel n'est pas le cas du régime de retraite actuel où il s'agit plus de donner de bonnes retraites aux personnes méritantes qu'aux gros cotisants.

La solidarité doit être financée par l'impôt, décidée par les députés et la solidarité doit viser les personnes en réelles difficulté.

La gestion du régime des retraites a toujours été dominée par la démagogie et l'imprévoyance assumée.

Lorsque la gauche a instauré la retraite à 60 en le présentant comme un immense progrès social, un véritable crime social a été perpétué et nous le payons aujourd'hui au prix fort.

A l'époque, les politiciens savaient pertinemment que la mesure était peu coûteuse à court terme, mais désastreuse sur le long terme.

Le régime de retraite doit se gérer très longtemps à l'avance en anticipant les évolutions démographiques et l'allongement progressif de la durée de vie mais tout le monde a fait comme si ce sujet "antisocial" devait être oublié. Pour les syndicalistes favorables au maintien de la retraite à 60 ans, il suffirait que les riches et les patrons paient. On a encore une fois mélangé un régime d'assurance avec la solidarité. La cotisation avec l'impôt. Le social l'emporte sur la raison et la logique comptable.

Les retraités d'aujourd'hui ont payé très peu de cotisation car, durant leur vie de travail, les retraités étaient peu nombreux, et aujourd'hui, système de répartition oblige, ils oppriment les jeunes générations en touchant des retraites somptueuses payées par ces mêmes jeunes.

Un régime de retraite de répartition équitable devrait maintenir constant le rapport entre cotisants et retraités. Mais tel n'est évidemment pas le cas.

Les jeunes, quand vous les interrogez, ne croient plus du tout au régime des retraite. Ils pensent qu'ils cotisent à perte. Quand ils vous interrogent pour savoir quel est le meilleur régime social à mettre en place pour leur activité professionnelle, ils demandent tous un schéma qui les oblige à payer le moins possible de cotisations car ils pensent que les cotisations retraites sont payées à perte. C'est à moitié faux mais à moitié vrai. Et cela résulte des années de discours infantilisants et démago des politiciens.

Cette démagogie politicienne continue avec la réforme DELEVOYE où l'âge légal de la retraite est fictivement maintenu à 62 ans alors que l'âge d'équilibre est fixé à 64 ans. Pourquoi mentir une fois de plus aux salariés en leur faisant croire que l'âge légal n'est pas décalé ?

 

Le régime social des indépendant a le mérite d'être adapté à la situation des indépendants

Le régime social des indépendants donne peu de prestations, mais il coûte deux fois moins cher que celui des salariés.

Il a au moins ce mérite d'être peu couteux.

Si, à la suite de la disparition du régime des indépendants, les cotisations sociales augmentent sensiblement, les travailleurs indépendants vont tout faire pour moins payer de cotisations.

Ils vont choisir des schémas pour toucher leurs sous sans payer de cotisations. Par exemple, ils vont exercer en société de capitaux et se distribuer des dividendes. Ils vont créer des sociétés à l'étranger. Ils vont même devenir résidents fiscaux étrangers, pour relever d'un régime social obligatoire étranger.

Ces schémas d'évitement sont déjà utilisés par les travailleurs indépendants mais ils deviendront majoritaires si les cotisations retraites des travailleurs indépendants sont alignés sur ceux des salariés.

Le projet de fusion des retraites des indépendants dans celui des salariés aboutira en pratique à générer une baisse sensible des cotisations des travailleurs indépendants et à leur retrait du régime social.

Travailleurs indépendants de tout le pays, unissez-vous contre la disparition de votre statut social !

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