Je propose de reprendre un extrait des débats au Sénat avec un nouveau discours du ministre. Certains éléments sont intéressants, notamment quand le ministre reconnaît que la question de la fiscalité est d'une grande complexité.
Je reprends ci-après des extraits des débats devant la commission des finances du sénat du 30 octobre. Les propos du ministre sont révélateurs de l'idéologie du ministre sur la question du meublé touristique. C'est le bouc émissaire de tous les problèmes :
Je suis un oiseau.
Pourtant, à ma naissance, des médecins m'ont assigné au genre humain, de sorte que je suis contraint d'apparaître sous la fausse identité d'un être humain.
Je suis identifié comme être humain par le système social et notamment le registre d'Etat Civil.
Mes papiers d'identité me désignent comme tel.
Or c'est faux car je suis un oiseau.
Je porte un long bec et une veste en plumes. Je m'adresse aux gens en piaillant, comme n'importe quel oiseau.
Mais je suis très souvent victime d'agressions racistes.
Je dois faire face tous les jours à des comportements hostiles sous la forme de remarques désobligeantes, de ricanements derrière mon dos.
Je suis en butte au refus du système social de corriger l'erreur de genre dont j'ai été victime à ma naissance. L'officier d'Etat Civil refuse de faire corriger mon bulletin de naissance pour me déclarer oiseau. D'ailleurs la catégorie n'existe même pas.
A cause de cette hostilité permanente, je suis gravement dépressif.
J'ai pu heureusement bénéficier d'un traitement médical et de plusieurs opérations. Même si ces soins ont été très douloureux physiquement, je porte maintenant de vraies plumes et un vrai bec, à la place de la mâchoire initiale.
Mais je suis toujours victime de comportements racistes et stigmatisants. La plupart des gens persistent à me considérer comme un être humain.
Par exemple, quand je suis malade, j'ai beaucoup de difficultés à trouver un vétérinaire qui accepte de me soigner.
Il est temps de faire évoluer les mentalités et la réglementation pour que l'identité d'oiseau soit enfin reconnue par la société.
Sur la base du projet de loi de finances adopté en première lecture par l’assemblée nationale et sous réserve d’une modification ultérieure avant le vote définitif du texte, les meublés classés perdent les avantages de l'abattement majoré et du seuil majoré.
Sur la base du projet de loi de finances adopté en première lecture par l’assemblée nationale et sous réserve d’une modification ultérieure avant le vote définitif du texte, il est possible de présenter ainsi la réforme du régime micro des loueurs en meublé.
L’activité de location meublée, même classée, peut s’exercer en régime micro et dans ce cas l’abattement applicable est de 50 % et le seuil s’élève à 77 700.
Donc l’exploitant de location meublée classée perd la possibilité de bénéficier de l’abattement de 71 % et du seuil majoré de 188 700.
Une exception est toutefois prévue pour les loueurs en meublé qui ne sont pas situés en zone tendue. Ils peuvent bénéficier de l’abattement majoré, mais dans la limite d’un seuil de 50 K€ (seuil fixé sur la base du chiffre d’affaires de l’année précédente).
Il y a donc une réduction très forte des avantages du régime fiscal du meublé classé, même en zone non tendue puisque le seuil est réduit à 50 K€.
Les exploitants de meublé de tourisme situés en zone rurale sont directement victimes de la réforme. Or ce n'était pas l'objectif des députés, qui ont de facto été trompés par Bercy. Espérons que le Sénat rétablisse la protection des meublés de tourisme situés en zone rurale.
Cette réforme ne vise pas les chambres d’hôtes qui continue de bénéficier de l’abattement de 71 % et du seuil de 188 700.
De façon générale, selon moi, les loueurs en meublé qui exercent une activité de parahôtellerie au sens de l’impôt sur le revenu (3 services sur 4), continuent de bénéficier de l’abattement majoré et du seuil majoré. Mais ce point pourrait se discuter.
La mesure serait applicable rétroactivement, dès l’imposition des revenus de 2023. Cette application rétroactive de la loi fiscale est conforme au principe de la rétroactivité naturelle de la loi fiscale, qui s’applique toujours en principe aux revenus de l’année en cours.
Mais elle est très contestable au cas d’espèce car elle aboutit à piéger les exploitants qui avaient cru pouvoir bénéficier des dispositions favorables du régime micro pour l’année 2023 et qui sont d’ailleurs forclos pour passer au régime réel au titre de 2023.
Si l’objectif du texte est de lutter contre les meublés de tourisme en zone tendue, il fallait réserver la mesure à 2024 car, en tout état de cause, pour 2023, l’activité de meublé touristique a déjà eu lieu. Le mal est fait. Il est anormal de vouloir "punir" les exploitants de meublée au titre du passé. Ce caractère rétroactif de la mesure pourrait selon moi être considéré comme inconstitutionnel car directement contraire à l’objectif du législateur. Il reste à espérer une modification d’ici le vote définitif de la loi.
Par un nouvel amendement à la loi de finances, il est prévu d’exclure les activités de gestion de patrimoine du régime DUTREIL.
Cet amendement vise notamment les activités de location meublées suite aux décisions de la Cour de cassation de juin dernier qui pouvaient s’interpréter comme admettant les activités de gestion de patrimoine au bénéfice du régime DUTREIL, et sans compter la décision du CE du 29 septembre qui avait annulé la doctrine excluant la gestion de patrimoine du régime DUTREIL.
Cette fois l’exclusion serait dans la loi et s’appliquerait aux transmissions effectuées après le 17 octobre 2023.
Mais les actvités de location meublée court durée, type meublé de tourisme restent éligibles car elles ne constituent pas des activités de gestion de patrimoine.
Après l'arrêt du Conseil d'Etat du 5 juillet 2023, on pouvait s'attendre à une redéfinition du régime TVA de la parahôtellerie.
Or en fait, il n'en est rien (d'après un amendement à la loi de finances qui reprend la position de Bercy).
Le législateur se moque du CE et du droit européen puisque le texte n'est pas rectifié. Seuls sont assujettis à TVA les exploitants qui fournissent 3 prestations hôtelières sur 4, comme avant.
Il est bien rajouté un critère de durée, mais il est anodin puisqu'il impose un séjour d'une durée maximum de 30 nuits, renouvelable en plus. Ce n'est pas le délai d'une nuit que je redoutais.
Mais ce qui ne va pas c'est que les 3 services sur 4 restent obligatoires alors que le CE avait bien considéré que l'existence de ces services n'étaient pas forcément nécessaires pour caractériser la concurrence avec le secteur hôtelier. Ils ne sont pas mentionnés comme de simples indices mais bien toujours comme des critères obligatoires.
Il y aura toujours un risque de contestation de l'assujettissement à la TVA basé sur l'absence d'un réel service de nettoyage ou d'accueil notamment.
Il n'est pas sûr que les services fiscaux assouplissent leur doctrine sur ce point mais j'espère me tromper. A voir.
Cela étant, en cas de rappel, il sera toujours possible au contribuable d'invoquer, une nouvelle fois, l'incompatiblité du nouveau texte au regard du droit europen, si d'aventure l'administration fiscale retient une interprétation contestable du critère du nettoyage, comme elle le fait actuellement encore assez souvent.
Donc le résultat de cette farce est quand même un affaiblissement sensible des services fiscaux dans leur pouvoir de rappel.
Rappelons ce qu'a dit le Conseil d'Etat dans sa décision du 5 juillet 2023 :
Ces dispositions ont pour effet d'inclure dans le champ de l'exonération toute mise à disposition d'un local meublé qui n'est pas assortie de l'offre, par l'exploitant, d'au moins trois des quatre services que constituent la fourniture du petit-déjeuner, le nettoyage régulier des locaux, la fourniture du linge de maison et la réception de la clientèle. Elles sont ainsi susceptibles d'entraîner l'exonération de locations de logements meublés au seul motif que deux de ces prestations accessoires ne sont pas offertes à la clientèle dans des conditions similaires à celles proposées par les établissements hôteliers, alors que le cumul de trois de ces quatre prestations n'apparaît pas systématiquement indispensable pour que de telles locations puissent, selon le contexte dans lequel elles sont proposées, être regardées comme se trouvant en concurrence avec le secteur hôtelier.
Pour la parahôtellerie long séjour, il est prévu un nouveau cas spécial d'assujettissement qui évite toute remise en cause, mais qui suppose également l'existence des 3 services sur 4.
Voir également les commentaires éclairés de William STEMMER
Je joins l'amendement n° 5374 et l'exposé des motifs
Une nouvelle décision en faveur d'un exploitant de LMNP à qui l'aide COVID était refusée.
Je joins la décision
Un rapport a été publié le 27 septembre 2023 à l'assemblée nationale sur la fiscalité du patrimoine. Les rapporteurs sont MM. JEAN-PAUL MATTEI ET NICOLAS SANSU.
Ce rapport est d'une bonne qualité technique, mais il reflète surtout les opinions de Bercy et du lobby des propriétaires immobiliers en location nue.
Donc sans surprise, il contient des idées de réforme visant la location meublée.
Je viens d'obtenir un arrêt du Conseil d'Etat (29 septembre, déjà commenté), qui indique, d'une part, que l'exclusion des activités de gestion de patrimoine du régime DUTREIL est illégale et que, d'autre part, au sens de ce régime, la location meublée peut être considérée comme commerciale si elle est exercée à titre habituel.
Je remets le texte exact du CE car certains ne l'ont pas bien lu :
"D’une part, le fait de donner habituellement en location des locaux d’habitation garnis de meubles ne saurait être systématiquement regardé, pour l’application de la loi fiscale, comme une activité civile dépourvue de caractère commercial. D’autre part, si le législateur a précisé que, pour l’application des dispositions relatives à l’impôt sur la fortune immobilière, comme du reste pour d’autres régimes fiscaux, une activité de gestion de son propre patrimoine immobilier n'est pas considérée comme une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale, aucune disposition de portée similaire ne permet, en revanche, de dénier de manière générale à la location de locaux meublés à usage d’habitation le caractère d’activité commerciale au sens des articles 787 B et 787 C du code général des impôts."
Cette décision, avec celles de la Cour de cassation du 1er et du 21 juin, prend à revers de très nombreux experts qui ont dit, depuis des années, que les entreprises de location meublée n'étaient pas éligibles au régime DUTREIL car il s'agit d'une activité de gestion de patrimoine. Ils se sont alignés sur la position de l'administration.
Certains de ces experts ne veulent pas reconnaître qu'ils se sont trompés sur le sujet et préfèrent minorer au maximum la portée de ces décisions, tout en prévoyant (et en espérant) une réforme législative qui viendrait définitivement exclure la location meublée.
Ces experts sont de mauvais experts, et cela pour deux raisons.
La fiscalité aussi, c'est compliqué et dangereux. Pour gérer vos problèmes fiscaux, pour faire face aux contrôles, et pour réduire le coût fiscal sur vos opérations ou sur vos revenus, je peux vous aider.